Descriptif

Le projet, mis en place en 3e, est celui d’une séquence de début d’année, intitulée "Progrès et rêves scientifiques". Il vise à faire lire des nouvelles de science-fiction pour interroger des problématiques de société et permet d’aider l’élève à structurer sa pensée pour mieux en rendre compte.
En travaillant l’oral dans des activités de débat après chaque lecture, les élèves sont amenés à organiser et développer leur pensée afin d’être initiés, ensuite, à l’écrit de réflexion proposé au DNB.

  Présentation

Les élèves concernés par cette expérimentation sont en 3e et ont pris des habitudes de recherche en se trouvant souvent dans une posture de lecteur-enquêteur l’an passé. Ils ont ainsi développé une certaine autonomie face au texte, grâce notamment au "Jeu des étiquettes", mais aussi aux différentes productions orales qu’ils ont enregistrées lors de l’étude de La Bête humaine d’Emile Zola en 4e.
Il s’agissait donc, en début d’année de 3e, de réactiver les habitudes de travail et de continuer d’exercer le sens critique des élèves. Le choix d’étudier des nouvelles de science-fiction permettait également de reprendre progressivement des habitudes de lecture et de questionner le monde grâce à un genre qui, dans sa chute, invite souvent à la réaction et à la réflexion sur la société et ses travers.
L’objectif visé par cette séquence est donc de questionner le monde grâce au texte littéraire et d’apprendre à structurer sa pensée pour mieux s’exprimer à l’oral puis à l’écrit afin de rendre compte d’un point de vue.

 Objectifs

• Questionner et interpréter le texte littéraire.
• Partager ses impressions de lecteur.
• Travailler les compétences de l’oral, en particulier le genre du débat.
• Passer du recours intuitif de l’argumentation à un usage plus maîtrisé, à l’oral comme à l’écrit.

 Questionner le texte

La première nouvelle, L’Expérience de Jean-Noël Blanc, est proposée sans sa chute.
Dans un premier temps, les élèves doivent émettre des hypothèses pour expliquer ce qu’ils comprennent de ce texte. Puis, "le jeu des étiquettes" leur permet d’échanger en groupe sur différentes entrées qui vont préciser leur lecture, affiner leur recherche de sens : "sujet/thème", "style, figures et sens", "forme, son et sens" et "vocabulaire". Ensuite, de nouvelles hypothèses de lecture sont émises par chaque élève sur un temps plus court, avant que la fin de la nouvelle leur soit donnée et qu’un temps d’échange leur soit accordé.

Ce premier temps est court et dynamique et le premier constat est très positif : les élèves ont aimé le texte, l’ont fouillé, sont impatients de connaître la chute et apprécient de pouvoir en discuter. La lecture est partage.

 Débattre

 Initiation au débat sur le modèle du débat citoyen en anglais

Dans un second scénario, une nouvelle lecture est proposée : Les Remplaçants de Johan Héliot. La lecture se fait en trois temps avec la même activité qu’en début de séquence : il faut émettre des hypothèses en les justifiant avec le texte lu.

Cette deuxième nouvelle aborde le thème de "l’intelligence artificielle", sujet très apprécié par les adolescents, et permet d’introduire les autres notions liées à l’argumentation avec les exemples suivants :

• la thèse (proposée par l’enseignant) : L’intelligence artificielle remplacera les enseignants dans le futur ;
• l’argument : L’intelligence artificielle garde en mémoire bien plus d’informations qu’un humain ;
• l’exemple : ChatGPT répond à toutes les questions qu’on lui pose.

Une nouvelle activité est alors proposée aux élèves pour se confronter au discours argumentatif : le débat, sur le modèle des "Débats citoyens en anglais".
La méthode de ce dispositif est la suivante :

1. un thème est choisi pour l’année ;
2. à chaque débat une thèse est proposée ;
3. deux groupes d’élèves s’opposent après avoir tiré au sort une étiquette « pour » ou « contre » la thèse énoncée.

   L’intérêt de cette façon de procéder est que cela oblige les élèves à chercher des arguments précis, même s’ils ne sont pas d’accord avec l’étiquette piochée (c’est-à-dire avec la thèse qu’ils doivent défendre). De plus, cela leur permet de travailler le contre-argument, en se servant notamment des idées qu’ils auraient défendues naturellement.

4. chaque équipe prépare le débat pendant 15 minutes ;
5. le débat a lieu en respectant ces trois temps :
   • 8 minutes de débat (l’équipe « pour » commence) ;
   • 1 minute de pause pour préparer la conclusion en équipe ;
   • 1 minute de présentation des conclusions des deux parties.

Dans la classe dont il est question, quatre groupes de 5 à 6 élèves ont été formés, c’est-à-dire deux groupes « pour » et deux groupes « contre », mais on pourrait envisager le même dispositif avec deux groupes de plus, selon l’effectif de la classe.

Un premier débat est donc proposé aux deux premières équipes pendant que les élèves des deux autres observent le déroulé de l’activité. Ces derniers doivent noter tous les points positifs et négatifs qu’ils remarquent afin de faire un retour à leurs camarades (voix, expression, maîtrise du corps, etc.).
Un deuxième débat a lieu juste après, afin que toutes les équipes aient joué les rôles d’acteurs et d’observateurs.

Un bilan est proposé par les élèves afin de recenser les critères de réussite de cet exercice.

 Entraînement, auto-évaluation, co-évaluation

Afin de les entraîner et pour leur faire prendre conscience des attendus de cet exercice, les élèves sont invités à une première auto-évaluation à partir des critères élaborés à la séance précédente.

Un troisième texte est ensuite questionné, Alter Ego de Colin Thibert, après avoir effectué une lecture individuelle à l’aide de marginalia.

La pratique des marginalia consiste à investir les marges d’un texte par des notes personnelles ou des dessins. Pendant sa lecture, le lecteur répond au texte : il s’adresse à un personnage ou à l’auteur pour exprimer les impressions et sentiments que provoque la lecture.

Le nouveau thème abordé, le clonage, suscite de nombreuses réactions des élèves et conduit naturellement à débattre à nouveau. La thèse choisie, cette fois-ci, est "Le clonage permettra de soigner les individus dans le futur".
Un grille d’observation, élaborée à partir des critères de réussite et largement inspirée de la grille fournie lors des débats citoyens en anglais, est donnée à chaque élève ainsi que les outils de langue repérés comme indispensables, tels que les connecteurs logiques, qui permettront de structurer davantage les propos de chacun.

Les groupes sont créés et commencent à préparer leurs arguments et leurs exemples. Au moment où le débat va avoir lieu, un élève "observateur" va se voir confier la grille d’un élève "acteur du débat".
On procède donc, grâce à ce nouvel exercice, à une co-évaluation qui sera explicitée à chacun par le camarade qui l’a observé.
De son côté, l’enseignant peut, lui aussi, faire des remarques qui viendront compléter cette évaluation pas les pairs.

Pour rendre l’évaluation plus facile et plus explicite, une échelle descriptive peut être proposée grâce à l’application Moodle présente sur l’ENT. Elle permet à l’enseignant de renseigner la grille aisément pendant le débat depuis son poste de travail ou grâce à une tablette, et rend l’enseignement explicite pour l’élève qui peut consulter cette grille pour comprendre ce qu’il lui faut travailler pour progresser.

 De l’oral à l’écrit, pour construire sa pensée et structurer son argumentation

 La préparation

La Brousse de Ray Bradbury est la dernière nouvelle proposée dans cette séquence. Elle permet d’aborder le thème de la domotique et engage les élèves à s’interroger sur la maison de demain.

L’image suivante est un exemple de recherche d’arguments et d’exemples "contre" la thèse donnée : "L’habitation domotique est la maison de demain."

Lors de la préparation du débat et pour revenir sur une confusion qui revient souvent entre "argument" et "exemple", les élèves doivent travailler sur des "post-it". Ceux-ci sont séparés en deux zones : au-dessus, il faut noter l’argument, en dessous, au moins un exemple qui l’illustre. Les élèves d’un même groupe préparent l’argumentation ensemble mais chacun devra posséder ses propres "post-it" à la fin du temps de travail accordé (celui-ci est un peu plus long que d’habitude pour laisser le temps à chacun de préparer ses supports). Cette nouvelle modalité oblige les élèves à discuter de la nature de ce qu’ils soumettent et donc à préciser leur propos.

 Les différentes productions

Après ce temps de préparation, deux activités sont présentées aux élèves : deux équipes vont débattre pendant que les deux autres construiront le plan d’un écrit argumentatif court qui correspond à la thèse qu’ils défendent. Dans un deuxième temps, les activités seront inversées.

Pour ceux qui débattent, ce dernier passage à l’oral est l’occasion d’améliorer les critères partiellement acquis sur lesquels leurs camarades leur avaient fait un retour.

Pour ceux qui travaillent à l’écrit, il s’agit d’être initié au sujet de réflexion proposé au DNB. En effet, la structure du texte peut être travaillée grâce à la manipulation des "post-it" et les élèves peuvent ainsi organiser leur propos, prévoir les connecteurs les plus adaptés à leur discours et rédiger une introduction et une conclusion en lien avec le plan choisi.

La rédaction se fait ensuite, lors d’un dernier temps accordé à l’ensemble de la classe.

 Bilan de l’expérimentation

Dans les deux cas de figure, le constat est positif :

• la qualité des interventions s’améliore dans le débat et le travail d’équipe gagne en efficacité ;
• les écrits sont structurés, riches et les élèves les plus en difficulté face à cet exercice sont capables de proposer un premier texte argumentatif cohérent, même s’il reste incomplet.

Il semble donc que cette proposition permette une explicitation des attendus de l’exercice d’écriture argumentative du DNB et engage les élèves à développer des méthodes pour la préparation de leur brouillon.

Un scénario similaire pourrait sans doute être envisagé au lycée, en spécialité HLP, afin de préparer les élèves à la rédaction de l’essai.